La modernisation de la Ferme de Gournay par Jules LUCAS directeur de 1904 à 1934
Les détails de cette réorganisation furent décrits par l’ingénieur agronome Jules Edouard Lucas, auteur en 1926 d’une monographie sur la vache laitière qui a fait autorité, illustrée par des exemples des dispositions et méthodes en vigueur à la ferme de Gournay en 1904 et à la ferme des Landes à Suresnes dès 1910 où il était Directeur.

Principales modifications imposées par l’ingénieur Lucas à l’exploitation laitière de Gournay :
Arrêt de l’élevage ovin pour libérer de l’espace (locaux et pâtures) et transformer les bergeries en étables à deux rangées.
Doublement du cheptel bovin, avec une sélection d’excellentes races laitières.
Chaque vache fait l’objet d’un suivi quotidien, enregistrant comportement, nourriture, et production.


Le peson permet de mesurer précisément la production par bête
Il est ensuite possible de calculer la densité du lait

Aménagement des étables :
Les sols sont bétonnés, l’éclairage naturel des locaux est amélioré, les étables sont élargies pour avoir deux rangs desservis par une allée centrale facile à nettoyer, laver, permettant de dégager les pailles et litières souillées et de maintenir un niveau d’hygiène bénéfique aux bêtes qui sont traites à la main à l’étable même. C’est ce niveau élevé d’hygiène qui est exigé pour la production de lait frais qui est commercialisé au détail « cru ».

Photo extraite du livre de 1926, photo de Roger LUCAS, fils ainé, également ingénieur agro.

C’est la même étable sur cette carte postale des éditions ND vendue en 1910
Les mangeoires sont réparties côté mur et côté fenêtres. L’éclairage naturel permet aux vachers d’y voir plus clair.

La traite manuelle à la ferme agronomique en 1905 -1910 ND Photo 149
Ses premiers essais de traite automatique ne semblent pas avoir convaincu Jules Lucas qui préfère encore la traite manuelle de ses vachers en 1910. Les progrès des trayeuses pneumatiques seront plus décisifs après la guerre 14-18. La salle de traite sera donc construite plus tard, car il préfère recruter des vachers particulièrement qualifiés continuant de traire à la main à l’étable avec des rendements élevés.

Exemple de traite au pot trayeur vers 1914 testée par LUCAS.
L’hygiène
L’hygiène est de rigueur aussi dans le « laboratoire de la laiterie » sorte de zone blanche. Ce qui est totalement nouveau.
Le lait étant vendu cru et frais, en bouteilles ou en pots, sans aucun traitement de conservation, l’hygiène est essentielle.
Le lavage des pots à lait et de tous les récipients, bidons, bouteilles (consignées) nécessite une attention et une installation particulière. Plus de 1000 contenants sont lavés quotidiennement.
Réfrigération
Une ferme d’une certaine importance, électrifiée en triphasé, est avantageusement équipée d’un dispositif de réfrigération avec compresseur très performant pour refroidir des cuves et des chambres froides.
La ferme produit du froid qui permet de réfrigérer le lait immédiatement après la traite.
De plus la ferme peut produire des pains de glace afin de refroidir ses chambres froides.
Les voitures de livraison du lait cru au détail vont pouvoir disposer d’un volume isolé, rafraichi par des pains de glace, sur lesquels sont placés les bouteilles et pots.
Des vachers suisses à la Ferme de Gournay en 1926
Les vachers de la Ferme de Gournay en 1926 sont originaires du Val d’Hérens (VS_CH)
Les familles d’Antoine BAYTRISON originaire d’EVOLENE et celle de son beau-frère Maurice GEORGES originaire de SAINT-MARTIN venaient de la VALLÉE d’HÉRENS dans le CANTON DU VALAIS (au sud-ouest de la confédération). Il y avait là au total une quinzaine de suisses, hommes, femmes et enfants qui travaillaient à la ferme à partir de l’âge de 14 ans.
Pourquoi des Suisses ?
La Grande Guerre ayant profondément saigné la population paysanne française, il n’était pas rare de voir dans les années 1914 -1934 les fermiers recourir à de la main d’œuvre étrangère (Russes, Polonais, Italiens, Tchèques, Ukrainiens, Suisses, etc…)
Mais surtout les vachers suisses ont toujours eu une excellente réputation professionnelle.
Evolène est le nom d’une paroisse de la vallée d’Hérens (VS-CH) mais c’est aussi le nom d’une race bovine mixte bonne pour la viande et le lait, une des races qui furent choisies par Jules Edouard LUCAS dés 1904.
Recensement 1926 de l’Impasse de la Ferme
source https://archives.seinesaintdenis.fr/ark:/79690/vtae76f21598b5b1252/img:AD093RP_NUM_000332_00005
Recensement Impasse de la Ferme 1926
La colonne de droite désigne l’employeur des vachers : LUCAS et celle d’avant la profession
Des ouvriers agricoles majoritairement étrangers et est-européens en 1926
Recensement de l’impasse de la Ferme 1926 suite et fin
https://archives.seinesaintdenis.fr/ark:/79690/vtae76f21598b5b1252/img:AD093RP_NUM_000332_00005
En 1926, alors que les vachers sont suisses, les ouvriers agricoles de Monsieur LUCAS sont, sauf deux français, de nationalités étrangères dont 8 polonais, 2 tchécoslovaques, 1 russe.
Le chef de culture est déjà M. Henri Connet, âgé de 27 ans et originaire de Gometz le Châtel.






source https://archives.seinesaintdenis.fr/ark:/79690/vtae76f21598b5b1252/img:AD093RP_NUM_000332_00005