CONTEXTE HYDROLOGIQUE ET GEOLOGIQUE
Contexte hydrologique et géologique de l’agriculture et de l’élevage à Gournay-sur-Marne
Le bassin de la Marne de Gournay-Chelles-Vaires-Noisiel est très plat et pratiquement stabilisé depuis des millénaires (la déglaciation de la dernière période glaciaire s’y est terminée vers 11 700 ans avant notre ère, le niveau des océans s’était élevé alors de plus de 100 mètres. La Marne s’élevait avant le Néolithique (avant -5800 ans av JC) à l’altitude de 100m NGF soit plus de 60 mètres au-dessus de son niveau moyen actuel.
Depuis sa stabilisation jusqu’à nos jours, on peut penser que le niveau de la Marne a pu varier de quelques mètres autours de notre référentiel NGF actuel (le zéro de l’échelle de la station hydrométrique du Pont de Gournay était à 33,05m NGF en 1969 soit 7,4 mètres en dessous du niveau des plus hautes crues hivernales centennales soit 1910).
Les premiers habitats sédentaires à Gournay qui ont laissé des traces de nos jours (selon les recherches des différents organismes qui furent chargés de l’archéologie à Gournay) furent par sagesse installés dans des secteurs situés au-dessus de plus hautes crues de référence donc au-dessus de 40 NGF.
Les plus anciennes installations repérées par l’archéologie datent du Tène (entre -450 et -25 avant JC) sur un dôme sableux dans le secteur Avenue Paul Doumer- Avenue Nast- Avenue Eugène Carrière. C’est le grand secteur blanc si facile à repérer dans la carte officielle des aléas d’inondation par débordement de la Marne.

Extrait de la Carte des Aléas d’inondation par débordement de la Marne 2010.
Comme le suggère Lucien Follet du site lemarneux.fr, reprenant le consensus des hydrologues de la préhistoire, tout ce qui était en dessous de 36 mètres NGF, sur les deux rives était inhabitable, submersible, au mieux marécageux. Les berges de la Marne n’étaient pas sûres pour y habiter mais se prêtaient probablement déjà bien à l’élevage nomade et à la pêche.

Avant la période de la TèneD2 (-70 à -30 av JC), le niveau de la Marne avait peu à peu baissé, le tracé d’un lit secondaire de la Marne s’était probablement rapproché du tracé actuel de la Marne, laissant sur la rive nord, côté Chelles du bassin de Chelles, un lit principal, des bras secondaires, puis des bras morts ou des marécages, des iles et ilots, et, sur la rive gauche, peut-être déjà, le Bras Saint Arnoult.
La présence de plusieurs zones de gué à Gournay s’explique par la présence de hauts fonds faits de travertins (en tous les cas un calcaire compressé assez dur) sur un linéaire de plusieurs centaines de mètres, en aval du confluent du ru de Nesles (situé au bout de la promenade André Ballu) et en amont du château rouge.

Extrait de la carte géologique BRGM n° 184 LAGNY montre en vert une zone d’alluvions plus anciennes, probablement à peine recouverte à l’endroit des gués
Les cartes géologiques montrent que le sol est constitué à proximité de ces points hauts du lit, de sédiments plus anciens, quelquefois compactés, alors que le reste des zones basses de la commune est sur un sol de sédiments (limons) récents plus meubles.
Plus tard, ces gués ont constitué des sources de revenus pour les seigneurs et les habitants qui vivaient des passages et des pécheries. Mais les hauts fonds ont aussi posé de problèmes de rupture de charge avec obligation de transbordement pour les premiers transporteurs qui devait impérativement s’arrêter à Gournay avant la remontée, (ou après la descente) des rapides de la rivière, d’où l’existence d’un modeste port fluvial. Le PETIT PARIS

Le gué de Gournay (©Archives Patrimoine 93)
MONSIEUR ET MADAME POINSOT ET LEUR FILS LORS DES BASSES EAUX DE LA MARNE, DEVANT LA MAIRIE DE GOURNAY-SUR-MARNE N° 616 – https://patrimoine.seinesaintdenis.fr/Monsieur-et-madame-Poinsot-et-leur-fils-lors-des-basses-eaux-de-la-Marne-devant
Mise à l’abri des inondations d’une voie stratégique depuis l’antiquité jusqu’au Moyen Âge.
Au cours des fouilles, avenue Joffre, avenue Paul Doumer et Place Roosevelt, les archéologues ont repéré des remblais significatifs réalisés depuis l’antiquité, le long du chemin de Gournay à Champs sur Marne, remblais qui ont sans doute continué au cours des corvées médiévales pour qu’aujourd’hui cette voie soit considérée en zone d’aléa quasi-nul de risque d’inondation par débordement.
L’habitat permanent autours de cette voie est resté très modeste jusqu’au XIe siècle (Premier Moyen-Âge), probablement moins d’une dizaine de foyers, et même après l’installation vers 1080 du prieuré des moines de Notre-Dame qui avaient leur propre ferme, vivant au début en autarcie sur leurs vastes terres, avec leurs propres moulins à eau, fours, pressoirs, etc…
Le seigneur de Gournay qui percevait divers droits de passage de la Marne à Gournay-sur-Marne en reversait une partie au Prieuré en contrepartie de l’entretien de la voie et du pont.
Traversée de Gournay du sud au nord par un ru alimenté par les eaux de ruissellement (crues pluviales).
Le ru de Nesles a toujours été le principal ru qui récupérait le bassin versant de Noisy-Est (151 hectares) et le bassin versant de Nesles (284 hectares).

Les bassins versants et le ru de Nesles (étude Zac Nesles-Est)
Le ru de Nesles recevait aussi l’eau de plusieurs sources (à hauteur de la rue des Princes). Il rejoignait le puit perdu et depuis l’entre-deux guerres c’est un réseau d’eaux pluviales tubé.
Le parcours en surface du ru de Nesles est visible sur les cartes les plus anciennes jusqu’aux cartes topographiques de 1925. La carte des Environs de Paris de l’abbé de la Grive (1731) est très précise sur ce point.

Ru de Nesles en Y
Extrait de la Carte des Environs de Paris N°2 par l’abbé de la Grive ed. vers 1731
Le ru de Nesles se séparait en deux bras :
La branche Est se jettait dans la Marne à hauteur des îles. À son confluent nord, le ru constituait la limite entre les seigneuries de Gournay et de Champs sur Marne.
La branche ouest du ru de Nesles rejoignait le bras Saint Arnoult au second tiers de sa longueur.
Comme la branche est, la branche ouest fut entièrement tubée après-guerre et servit depuis de déversoir des eaux pluviales du bassin versant de Noisy-Est aujourd’hui via notamment la rue de Bel-Air et l’avenue du Président Aristide Briand.
Puits domestiques et puits artésiens
La faible densité de population et la présence de ces cours d’eau n’a pas nécessité le creusement de puits domestiques profonds pour les besoins de la population, pour ses lavoirs ou pour les besoins de l’élevage.
L’eau de la Marne est toujours à quelques mètres de la surface du sol naturel. Plusieurs couches de calcaires et sables aquifères se superposent avec un filtrage variable.

Extrait de BSS BRGM SIGES Seine-Normandie – https://sigessn.brgm.fr Edité le 25/10/2023
Six forages ont été creusés dans la commune à la fin du XIXème siècle, notamment à la demande de M et Mme Gomel propriétaire du Domaine d’Heurtebise. Ils furent généralement fermés dans les années 1920 pour ne pas épuiser la nappe profonde (située à 80 mètres) réservée à la Société des Eaux.
L’absence de police rigoureuse de l’assainissement se fit sentir au propre et au figuré pour les autres puits domestiques au fur et à mesure de l’urbanisation.
La réglementation préfectorale qui imposa une distance minimale du forage de la clôture de la propriété a probablement mis un terme aux forages de prélèvement déclarés. Se poursuivirent sans doute des forages de prélèvements clandestins
Aires de remontées de nappes
La totalité de la commune est potentiellement sujettes aux débordements de nappe.

Quelques années de très sinistre mémoire pour le climat
(sécheresse sévère, déluge prolongé, pluviosité estivale, canicule, gel prolongé, inondation)
à Gournay-sur-Marne et alentours
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Sources :
Abbé Frédéric Auguste DENIS (1817-†1899) : Bibliothécaire et membre de Sté d’Agriculture de Meaux
Emmanuel LEROY LADURIE (1929-†2023) : Histoire du climat depuis l’an Mil

