Perette Dufour, nourrice royale, si curieuse des privances de Louis XIV
Perette Dufour, première dame de chambre de la jeune reine, l’ancienne nourrice restée si curieuse de l’intimité royale.
Marie Thérèse d’Autriche, reine de France
par les cousins Beaubrun. (internet)
Louis XIV vers 1668 par Charles Le Brun
Musee de la Chartreuse, Douai
L’historien Arthur de Boislisle [1]consacrait, quelques pages fort intéressantes[2] à Perette Dufour. En 1660. Louis XIV épousait à 22 ans l’infante Marie-Thérèse d’Espagne âgée de 21 ans. Cet événement, dit M. de Boislisle, amena un changement notable dans la condition du ménage Ancelin qui devint Contrôleur Générale de la Maison de la reine et dont l’épouse Perette qui fut nourrice de Louis XIV de ses six mois à ses deux ans puis dame de compagnie de la reine mère et devint première dame de chambre de la jeune reine Marie Thérèse en 1660.
C’était une règle dans la maison de France que, quand le roi se mariait, le mari de sa nourrice était pourvu des fonctions avantageuses de contrôleur général de la maison de la Reine, tandis qu’elle-même recevait la charge de première femme de chambre de la reine. Il y avait à cela une raison de convenance : la première femme de chambre couchait toujours dans la chambre de la Reine, même quand le Roi passait la nuit avec elle, et il était naturel que la femme qui participait à cette très intime privance[3], fut celle qui, ayant nourri le monarque de son lait, pouvait être considérée comme sa seconde mère et en avoir les sentiments.
On ne dérogea point à cette habitude, et Perette Dufour fut la première femme de chambre française de la jeune reine infante d’Espagne et d’Autriche, qui conservait d’autre part plusieurs femmes de chambre espagnoles dont la señora MoIina est la plus connue. « Pendant les quatorze premières années du mariage royal, le service de Mme Ancelin auprès de la jeune reine fut peu astreignant ; La reine Marie Thérèse, très affectionnée à la Molina, qu’on disait être sa sœur naturelle, n’usait guère que de ses femmes espagnoles ; ce qui laissait aux Françaises des loisirs nombreux. Perette Dufour n’en fut que plus assidue à profiter des privances qu’elle pouvait avoir auprès du Roi. Toujours logée par sa charge et par son privilège de nourrice au plus voisin des appartements intérieurs, elle ne négligea pas d’user chaque matin de son droit de pénétrer, même avant les premières entrées, dans la chambre du Roi et de venir le « baiser » maternellement. Cette familiarité lui fut d’un grand usage pour entretenir sa faveur.
Dès 1861, le roi voyait dans un appartement voisin du sien, sa première (d’une longue liste) favorite « Mademoiselle » ou plus précisément Louise de la Baume Le Blanc future marquise de la Vallières qui lui fit six enfants qu’il légitima, dont Marie Anne de Bourbon devenue la Princesse douairière de Conti sera Dame de Gournay. (Le monde est petit).
Mademoiselle par Nocret
Dans des circonstances particulières, Perette Dufour veillait même de plus près sur lui : Mme de Motteville nous la montre, au début du mois de mars 1661, quand la cour était venue s’installer au donjon de Vincennes auprès de Mazarin mourant, partageant la chambre où couchaient le jeune roi et la reine sa mère, et, au petit jour du 9 mars apprenant par un clin d’œil au monarque que son premier ministre était mort pendant la nuit. »
Remarque : Article inspiré par Louis Bigard « Perette Dufour de Montesson, nourrice de Louis XIV in Revue de l’histoire de Versailles et de la Seine et Oise 01/10/1921 P88-104 item cité par le Réseau des Bibliothèques des Musées Nationaux à lire sur Gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k671187/f750.
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Arthur de Boislisle (1835-1908) membre de l’académie des inscriptions et belles lettres, Président de la Société de l’histoire de France ↑
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en appendice dans son édition post mortem des Mémoires de Saint Simon, tome XXVIII (Hachette 1916) enrichi par le témoignage de l’abbé Dangeau qui fut Prieur commendataire de Gournay-sur-Marne. ↑
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https://www.cnrtl.fr/definition/privance = intimité ↑