Gournay sous les mérovingiens du Ve au VIIIe et sous les carolingiens du VIIIe au Xe
Géopolitique : pendant cinq siècles la région connut des invasions barbares venues de l’est par la terre puis les invasions normandes par la vallée de la Marne. Les invasions signifiaient le pillage des récoltes et du cheptel, parfois l’asservissement. Gournay a sans doute eu au Xe siècle, à la fin de cette période d’invasions normandes à hauteur du gué, un bastion de bois entouré de palissades sur une motte castrale. Les habitations paysannes se regroupant à proximité.

Exemple de bastion en bois sur motte en Allemagne

La motte dominant sa basse-cour. Site de Saint-Sylvain-d’Anjou, reconstitution d’une motte du XIesiècle. source : https://www.techno-science.net/glossaire-definition/Motte-castrale.html
Pêcheries
Il y avait des pêcheries sur les hauts fonds (secteur du gué de Gournay), utilisant de gords en osier ou en toile permettant avec le courant la capture de poissons vivants. En bord de rivière, il y avait des mares, petits étangs servant de viviers et d’élevage de poissons (des carpes souvent) et un moulin à eau pour moudre les céréales, situé entre les iles et la rive gauche de la Marne.

Gords (Planche XXXV de l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert 1751-1772)
À la fin du XIIe siècle les pêcheries, les bassins viviers, et l’ile face au Ru de Nesles furent données aux moines de Notre Dame de Gournay par le seigneur de Gournay.
Le dilemme labourage ou élevage n’est pas tranché
Les terres de Gournay étaient encore fréquemment inondées à l’hiver et au printemps. Selon la période de l’hiver-printemps où avaient lieu les crues, les pertes agricoles pouvaient être terribles ou minimes. Pour l’agriculture c’est la régularité des crues qui est le plus important pour le choix des cultures et autres activités. Pendant ces six siècles certaines périodes furent très défavorables et froides, d’autres périodes furent relativement favorables.
Illustration britannique ancienne d’un élevage d’animaux dans une ferme médiévale
Le choix des cultures et des élevages prend en compte les risques estimés d’inondations saison par saison selon l’altimétrie. Les souvenirs des ruraux devinrent des références historiques et le point de départ de dictons.
Conséquences des crues saisonnières régulières :
À chaque inondation les champs reçoivent un dépôt d’alluvions de marnes (argilo-calcaire et sable). Les terres qui reçoivent des marnes bénéficient d’une moindre acidité, ce qui peut être favorable à certaines cultures.
Ce bénéfice peut être anéanti par l’alcalinisation excessive des sols si le phénomène est trop fréquent.
De fait, les terres inondées trop fréquemment ne furent plus labourées et furent réservées à l’élevage, une grande partie de Gournay, impropre à la culture fut probablement classée assez tôt comme une prairie communautaire.
Le drainage inventé par les romains pour assainir les marécages d’eaux stagnantes sur des sols trop argileux ne semble pas avoir été tenté à Gournay.
L’agriculture vivrière se développa autour des habitations si possibles en secteur non ou moins inondable (au dessus de 40m NGF) : C’est une agriculture encore essentiellement tournée vers l’autoconsommation et l’économie de subsistance.
Cette petite zone d’environ 5 hectares, relativement favorable aux cultures vivrières est précisément le premier secteur qui sera donné aux moines vers 1070-1080 par le Guy le Rouge seigneur de Gournay.
La production locale des paysans était généralement auto-consommée et les surplus étaient troqués avec la population non paysanne et les paroisses voisines.
Le reste de Gournay se prêtait bien à l’élevage extensif.

