Le Monument aux Morts de Gournay
Le Monument aux Morts de Gournay-sur-Marne
Le conseil municipal présidé par Ernest Paul PÉCHEUX (1841-†1925), maire, vota en février 1919 un crédit pour l’élévation d’un monument « aux Morts pour la Patrie » de la commune.
En complément une souscription pour financer la réalisation fut lancée.
Le sculpteur
Le maire, Paul Ernest PECHEUX, plasticien de formation se chargea du choix d’un sculpteur. Il sollicita son ami Émile-André BOISSEAUX, sculpteur statuaire.

Wikipedia Émile-André Boisseau vers 1900

Vers 1919 photo par Paul Boyer Musée d’Orsay
Émile-André BOISSEAU est né en 1842 à Varzy dans la Nièvre. Boursier du département de la Nièvre, il étudia aux Beaux-Arts de Paris avant 1884. Il épousa à Paris 5e à 42 ans, le 19 juin 1884 Léonie Rosalie Frossard. Jules REBOUL (1846-1910) architecte fut un des témoins du mariage, le même REBOUL fut maire de Gournay de 1888 à 1895.
BOISSEAU est décédé le 19 février 1923 à Paris 15e.

Vers 1923 source Musée d’Orsay
Le Musée d’Orsay dit de lui :
Orfèvre, sculpteur, exposa au SAF (1896, 1898, 1904, 1912). Il étudia aux Beaux-Arts de Paris, élève de DUMONT et de BONNASSIEUX, il débuta au Salon en 1869. Actif à Paris. Il fut membre du jury de la SAF en 1884. Trésorier puis Vice-président de la S.A.F. Chevalier de la LH en 1890, Officier de la LH en 1900.
Les critiques d’art disaient de lui :
Il fait partie du courant Néo-Baroque, style caractéristique de l’éclectisme stylistique de la sculpture française de la Troisième République. En rupture avec les poses retenues et les profils sobres de la sculpture académique, le style néo-baroque est caractérisé par l’abondance décorative et une recherche du mouvement par des gestes théâtraux, des poses contorsionnées ou des compositions dont les lignes de force sont, entre autres, basées sur l’arabesque ou la spirale.
Le Monument de Gournay
Émile-André BOISSEAU proposa gracieusement la conception du monument à Paul Ernest PÉCHEUX, la commune prenant en charge sa réalisation concrète.
Car Émile BOISSEAU venait justement d’exposer au Grand Palais des Champs Elysées, du 1er mai au 30 juin 1919 sa proposition d’un monument « aux Défenseurs de la Patrie » à l’occasion du Salon de Paris de la Société des Artistes Français. L’exposition était organisée au profit des œuvres de guerre de la Société des artistes français et de la Société nationale des Beaux-Arts.

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Émile_André_Boisseau#/media/File:Eerste_Wereldoorlog,_propaganda,_ansichtkaarten,_prentbriefkaarten,_SFA018001156.jpg
La légende du catalogue SAF 1919 aurait indiqué : « La Française Marianne avec un drapeau, une palme, réconfortant un soldat blessé, sous un avion ». La plaque comprenait temporairement seize noms de batailles ou de sièges de la Grande Guerre, avant qu’une commune ne fasse le choix du dit monument

La commune de Gournay manifesta sa préférence pour une version plus simple sans l’aéronef, car aucun militaire de Gournay n’avait servi dans l’aviation de l’armée de terre.
L’adaptation du monument aux souhaits de Gournay ne posa pas de difficultés au sculpteur qui maintenait sa proposition gracieuse.

Une manifestation de réception de l’œuvre eut lieu le 14 novembre 1920 et le monument fut officiellement inauguré le 4 septembre 1921 en présence des participants à la souscription qui comprenait des entreprises parisiennes.
En hommage au travail et à la générosité du sculpteur Émile-André BOISSEAU, le conseil municipal décida de renommer la rue VIVIENNE « Rue ÉMILE BOISSEAU »
Les Inscriptions du monument
1914-1918
GLOIRE
AUX DÉFENSEURS DE LA PATRIE
LA VILLE DE GOURNAY S/MARNE
À SES ENFANTS MORTS POUR LA FRANCE
Bien entendu la première plaque de marbre ne comprenait que les dix-huit noms des hommes tombés durant la Grande Guerre que les armées avaient imputés à Gournay-sur-Marne quelque fois avec raison, quelque fois arbitrairement :
BARBE Alexandre
BOISSEAU DE MELLANVILLE Germain Louis Henri Croix de Guerre 14-18 étoile de vermeil
BOUFFARD Georges Raymond
BOURSON Marius
CORBAY Paul Laurent François
CORBAY René
CORNU Paul
DOYEN Émile André Citation
DOYEN Léon Stanislas Croix de Guerre 14-18
GAUGUIER Ernest
GAUGUIER Henri
GÉNY Marcel François Edmond Croix de Guerre 14-18
MAUS Pierre
PETITJEAN Gabriel Isaïe
QUÉRUEL Charles Germain
QUÉRUEL Edmond Lucien
QUÉRUEL Émile
SARRET André
WOELFFLÉ Albert
Seront ajoutés en 1947 les « Morts pour la France de 39-45 », des victimes civiles, en 1945 avait été ajoutée une plaque de marbre noir comprenant le déporté KAPPÉ Salomon arrêté à Gournay et tué à Auschwitz et d’autres victimes du nazisme. La définition légale de « Mort pour la France 39-45 » n’existait pas encore.
Plus tard furent inscrits les « Morts pour la France sur les TOE » théâtres d’opérations extérieures (Indochine, Afrique du Nord).
La plaque commémorative du monument aux morts de Gournay comprend quelques erreurs, mais c’est inévitable :
Le Sous-Lieutenant BOULAIRE Daniel -Jean qui fut inscrit par Gournay par erreur dans les T.O.E. (Théâtres d’Opération Extérieures) était un militaire de la France Libre qui fut tué à l’ennemi dans le Haut-Rhin à Hirtzbach en 1944. Ce héro reçut le grade d’Officier de la Légion d’Honneur et la Croix de Guerre 39-45 avec palme.
BOURSON Paul qui fut une victime civile du nazisme n’est pas « Mort pour la France », qualité restreinte au personnel combattant (militaire ou résistant)
GUÉRIN Henri-Jules qui était un franc-tireur qui fut capturé avant l’armistice et qui fut jugé et fusillé par les Allemands le 27 juin 1940 à Gournay n’est toujours pas reconnu par l’État en tant que « Mort pour la France »
LEBRET Claude, résistant tué au maquis d’Othe, dont le corps ne fut jamais retrouvé, a reçu la Croix de Guerre 39-45 référence 257254 mais n’a pas encore été reconnu « Mort pour la France » son décès ayant été déclaré à l’état civil après dix ans de disparition.

